Pour la deuxième année, 6 jeunes de l’IME retrouvent chaque jeudi matin leur « théâtre d’Argile »: un plateau de bois de 50 x 30 centimètres pour chacun, rempli de 10 kilos d’argile, dans lequel ils peuvent donner forme, corps et chair à un indicible qui souvent les tourmente.
Les codes formels sont ceux du théâtre: unité de temps et de lieu avec création d’un espace scénique et de personnages-formes par le modelage de la terre. Il s’agit ici non seulement de métaphoriser des éléments connus: paysages, architectures, personnages, parfois aussi formes informes, mais aussi de découvrir du nouveau dans l’observation minutieuse des blocs installés là: poésie du dispositif; mystère qui s’installe lorsque nous faisons le noir et éclairons les théâtre à la lampe de poche. Les murs recouverts de papier blanc voient apparaitre les ombres portées des formes-récits. La salle devient un théâtre d’ombres, où des silhouettes se promènent. Chacun est alors amené à peindre ce qu’il souhaite garder de ses productions en volume. D’autres récits s’inscrivent alors en noir sur fond blanc. Un nouveau scénario se dessine parfois par des rajouts et des détournements.
Nous abordons la phase finale: écrasement, enfouissement, disparition à nos yeux de ce que la terre englouti. Le visible redevient invisible, mais n’en disparait pas pour autant. Ainsi, pouvons nous peu à peu nous familiariser avec son absence.