Projet Culture et Santé-Médico social, IME de Saint Laurent les Églises – Haute-Vienne. Ateliers accompagnés par Nicole Depagniat, plasticienne. Octobre 2019 – avril 2020.
Chaque mardi après-midi, 6 jeunes, se retrouvent avec moi pour une séance de « théâtre d’Argile »: un plateau de bois de 50 x 30 centimètres pour chacun, rempli de 10 kilos d’argile, devient le théâtre des récits de chacun. Nous jouons sur les codes formels du théâtre: une scène délimitée par les bords du plateau, la mise en lumière, par l’enlèvement du sac noir dans lequel il dort entre chaque séance, le lever de rideau, par l’ouverture d’une fine bâche plastique, la création d’un espace scénique et l’arrivée de personnages, par le modelage de la terre. Ces deux derniers aspects ne font pas forcément référence à des formes connues, l’important étant la possibilité pour le jeune d’entrer en contact et de travailler avec un matériau brut et radical qu’il peut malmener s’il en éprouve la nécessité. Dans ce véritable corps à corps avec la matière, il s’agit avant tout de la mise en scène d’un jeu éphémère dans l’ici et maintenant avec l’informe premier de la terre pour aller peut- être, très progressivement vers une forme plus aboutie. Ce petit rectangle devient alors un fort symbole de l’acte de création lui-même en lien avec les grands mythes fondateurs: création de l’homme dans la Bible, mythe du Golem dans la tradition juive: à la fois dans son mouvement de construction et de jaillissement vers le haut, mais aussi aussi dans l’étape de mise à plat finale de disparition. Seules resteront la trace transformée via le prisme de l’ombre portée des formes, ainsi que la présence invisible de ce que la terre aura engloutie. Ainsi en venons nous à questionner la forme finie d’une production et en quoi sa déconstruction peut tout autant constituer un acte de création à forte résonance.
Projet soutenu par l’ARS Nouvelle Aquitaine, la DRAC Nouvelle Aquitaine, la Région Nouvelle Aquitaine et l’APAJH 87